[…] L’un d’entre eux, en particulier, m’a fait découvrir le potentiel qu’il y avait dans une fine cuisine typiquement québécoise axée sur les produits du terroir. Il s’agit de Renaud Cyr, le chef extraordinaire aujourd’hui décédé qui exploitait le Manoir des Érables à Montmagny.
Monsieur Cyr avait fait ses classes de cuisiner dans les camps de bûcherons, où il fallait se débrouiller avec ce qu’on avait. À force de travail, d’expériences et de découvertes, en réseau avec d’autres « patenteux » comme lui, il avait acquis une connaissance encyclopédique des produits du terroir québécois et des mille et une façons de les apprêter. Il a été, je crois, l’un des pères de la nouvelle cuisine québécoise car il ne voulait pas garder ses secrets pour lui mais les partager avec de jeunes chefs.

Un peu beaucoup grâce à lui, le ministère a mis de l’avant différents mesures pour encourager le développement de cette cuisine des produits régionaux. […]
– Jean Garon, ancien ministre de l’agriculture, Pour tout vous dire (2013)

Jean Garon (1938 – 2014)

Un Grand Québécois

[…] la cuisine n’est pas faite que de produits et techniques. Elle est faite, aussi d’une manière d’être, de sentir le passé et le présent, de pressentir l’avenir. On fait la cuisine avec ce que l’on est. La cuisine est une forme d’expression. Comme la langue que l’on parle, elle exprime une culture. Et Renaud Cyr parlait cette langue.
– Françoise Kayler, La Presse (samedi le 7 mars 1998)

Françoise Kayler (1929 – 2010)

« Heureusement, certains personnages à contre-courant mettent en lumière cette richesse culturelle qui s’exprime dans les foyers. […] en cuisine le chef Renaud Cyr qui refuse de cuisiner des produits d’Europe et des États-Unis. Dans les années 1970, celui-ci intègre végétaux, poissons et viandes locales dans les menus. Une prise de position remarquable à une époque où l’on enseigne au Québec une imitation de cuisine française inadaptée aux ressources et pratiques locales. La démarche de M. Cyr a été une inspiration pour nous.»
– Normand Laprise, Toqué! (2012)

« C’est grâce à lui que les chefs ont arrêtés de chialer contre la mauvaise qualité des produits d’ici. Ils sont allés dans les fermes, dans les champs, rencontrer les producteurs pour créer avec eux des produits de qualité »
– Normand Laprise, Le Voir (2008)

Normand Laprise